Déchets/Art Brut/Techniques et concepts communs/

Extrait Dada et les arts rebelles de Gérard Durozoi -édition Hazan-2005

Déchets p.44

L'art recourt à des matériaux spécifiques, tant en peinture(tubes, pigments, liants) qu'en sculpture (bronze, bois recherché), et la littérature se distingue ordinairement du langage utilitaire par son vocabulaire et son élaboration. Ainsi s'affirme la différence classique entre banalité du quotidien et valeur des productions artistiques.

Utiliser des déchets de la vie ordinaire dans des oeuvres, c'est mettre à mal cette différence : il n'y a plus d'écart significatif entre noble et ignoble, dès lors que n'importe quoi, y compris le plus vil ou le plus dégradé, ce qui n'a plus de sens ou d'utilité sociale,  peut faire oeuvre.

le déchet apparaît ainsi symptomatique d'une stratégie de subversion globale des valeurs : il brouille les catégories et les hiérarchies, et suggère l'existence de potentialités signifiantes jusque dans ce qui était méprisé. Anobli par le choix et les manipulations dont il est l'objet, il acquiert une positivité qui préserve cependant sa visée transgressive, puisque son irruption dans l'univers artistique, loin d'effacer son origine, continue à l'affirmer.



09/11/2013
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